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Oxymétrie de pouls

Adulte
Spécialité : vasculaire /

Points importants

  • En médecine d'urgence, l'instabilité potentielle des patients est majeure et la détection d'une hypoxémie revêt un caractère d'urgence, car tout retard dans sa correction peut avoir des conséquences irréversibles
  • L'oxymétrie de pouls permet de surveiller en continu la saturation « pléthysmographique » en O2 (SpO2), une approximation validée de la saturation artérielle en O2 (SaO2)
  • Le monitorage de la SpO2 est devenu en quelques années un standard de soins lors de la prise en charge des patients
  • Son utilisation permet de détecter des épisodes hypoxémiques fugaces indétectables autrement, mais également de limiter le nombre de ponctions artérielles pour mesure des gaz du sang, réduisant ainsi l'inconfort du patient et les coûts de laboratoire
  • Elle ne mesure que l'oxygénation, pas la ventilation donc elle ne donne aucune information sur le pH ou les bicarbonates
  • Le clinicien doit connaître et comprendre les avantages et limites de cette technologie, afin d'en tirer le meilleur parti et d'en éviter les pièges

Indications

  • Monitorage respiratoire lors d'une détresse vitale
  • Monitorage respiratoire lors d'une anesthésie générale ou loco-régionale
  • Monitorage cardio-vasculaire : la courbe de pouls est le reflet de la fonction ventriculaire gauche, la surface sous la courbe est proportionnelle au volume d'éjection systolique (moniteurs spécifiques)

Contre-indications

  • Aucune

Présentation du matériel

  • Le capteur est placé au niveau d'une phalange distale, du lobe de l'oreille, du front
  • Le moniteur peut être portable, ou intégré à un dispositif de surveillance plus lourd

Description de la technique

  • Le principe de l'oxymétrie est basé sur l'absorption spectrophotométrique de lumières de longueurs d'onde spécifiques par un échantillon sanguin
  • Cette méthode spectrophotométrique est basée sur la loi de Beer-Lambert, qui relie la concentration d'un soluté à l'intensité de la lumière transmise à travers une solution
  • L'oxymètre de pouls est un appareil optique constitué d'un émetteur d'ondes lumineuses et d'un photodétecteur qui reçoit le signal, le transmet au moniteur qui l'analyse et restitue une valeur de SpO2 et une courbe de pléthysmographie
  • La source lumineuse incorporée dans le capteur comprend deux diodes émettant une lumière à deux longueurs d'onde connues, en général 660 nm (rouge) et 940 nm (infrarouge)
  • La mesure de la saturation artérielle en O2 (SaO2 ) « fonctionnelle » est l'objectif principal des oxymètres. Elle est calculée sur le sang artériel à partir de la formule :
    • SaO2 = (HbO2/[HbO2+Hb]) x 100
  • Afin d'approcher la SaO2, l'oxymètre de pouls (SpO2) doit déterminer en permanence la teneur en HbO2 et Hb du sang artériel et donc de reconnaître la pulsatilité du signal démontrant son origine artérielle

Précautions d’emploi

  • Le site de mesure distal (doigts) est dépendant du tonus vasoconstricteur, alors que les sites céphaliques le sont moins. En cas de vasoconstriction, il est préférable de changer de site aux capteurs, des extrémités vers la tête
  • En cas de mauvais signal de pouls, la valeur de SpO2 est à interpréter avec précaution
  • En cas de peau noire, il est préférable de remonter le seuil d'alarme inférieure de SpO2 d'au moins 4%
  • L'oxymétrie sous-estime la valeur de SaO2 en dessous de 80%
  • Réglage de l'alarme : en l'absence de pathologie particulière, une alarme basse de 94-95% est recommandée. Cette valeur correspond d'après la courbe de dissociation de l'oxyhémoglobine à une PaO2 = 85 mmHg

Pièges éventuels

Interférences intrinsèques

  • Elles sont liées à des modifications d'absorption des ondes lumineuses :
    • hémoglobine anormale (HbCO, Méthémoglobinémie...)
    • anémie
    • colorants utilisés à des fins diagnostique ou thérapeutique (vert d'indocyanine, bleu de méthylène, rouge carmin...)
    • vernis à ongles de couleurs bleue, verte, ou noire
    • peau pigmentée : en cas de peau noire, un biais de plus de 4% est possible

Interférences extrinsèques

  • Ce sont celles qui altèrent la transmission des ondes lumineuses :
    • artéfacts de mouvements du patient (67% des alarmes)
    • pulsatilité sanguine non analysable ou de faible intensité
    • vasoconstriction distale majeure (hypothermie, hypovolémie, choc cardiogénique...)
    • interférences électromagnétiques : par exemple causées par les bistouris électriques ou les ondes sonores
    • une correction est habituellement appliquée pour la lumière ambiante, mais peut être prise en défaut en cas de lumière excessive (photothérapie, plein soleil) et d'utilisation de certains scialytiques (tubes fluorescents ou au xénon)

Surveillance

  • En cas de doute sur la qualité du signal, un contrôle gazométrique de la SpO2 est nécessaire
  • En cas de risque d’interférence, un contrôle gazométrique de la SpO2 est nécessaire ; il doit, dans la majorité des cas, être associé à une co-oxymétrie

Bibliographie

  • Jubran A. Pulse oximetry. Intensive Care Med 2004 ; 30 : 2017-20
  • M. Feissel. La pléthysmographie de l'oxymètre de pouls : un ancien tracé plein d'avenir ? Principes et applications cliniques. Réanimation 2007 ; 16 : 124-31

Auteur(s) : Erwan L'HER